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Bunker Leaks - le blog des fortifications allemandes de la 2nde guerre mondiale

21 avril 2012

Un transfo en forêt

Intérieur du transformateur d'un dépot de munition dans une forêt de Loire-Atlantique

===> Voir l'album : http://bunkerleaks.canalblog.com/albums/transfo_camp_ft/index.html

Un article sur ce dépot de munitions et ses abords est en préparation pour l'Agence Bretagne Presse.

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29 décembre 2011

Ancien pont de la Roche-Bernard

A la Roche-Bernard se trouvait un pont permettant de traverser la Vilaine. Celui-ci, inauguré en 1911, long de 350 m dont 192 au-dessus de l'eau, large de 7 m et enjambant la Vilaine à 41 m de haut, permettait le passage à la route nationale et la ligne de Vannes à Méan par Herbignac et la côte de la ligne métrique à voie unique des Chemins de Fer du Morbihan http://fr.wikipedia.org/wiki/Pont_de_La_Roche-Bernard Il prenait la suite d'une passerelle provisoire installée en 1872 entre les piles (aujourd'hui encore visibles) du pont inauguré le 26 décembre 1839 qui avait perdu par deux fois sont tablier en 1862 et 1872.

Ce pont a été miné par les allemands le 4 août 1944 et sauta accidentellement le 15 août de ce même mois lorsque la foudre s'abattit sur les explosifs.

Après la guerre, les Américains ont amené des éléments en béton préfabriqués des plages d'Arromanches et installé un pont flottant qui a servi du 18 juillet 1948 à 1960, date de l'inaguration du pont actuel, qui a été doublé en 1995 par le pont du Morbihan où passe la déviation de la RN165 à 800 m en amont. La passerelle provisoire, longue de 300 m, large de 2 m 30 (1.70 m de voie +  trottoirs de 30 cm), haute de 4 m 60,  Sa était constituée de trois éléments : 2 passerelles d’accès en bois et une passerelle flottante constituée de 12 caissons, eux-même divisés en 8 compartiments étanches. Son tablier était en bois.

passerelle

L'ancien pont a été protégé par les allemands qui ont construit des deux côtés une position restée inachevée et sans numéro, qui comprend d'un côté une R677 et des emplacements pour canons anti-char, de l'autre, une casemate SK taillée dans la roche et dérivée du modèle (Regelbau) R630. De ce côté, dans le bas de la falaise, un tunnel fermé par une grille pour chauve-souris à barreaux épais servait de soute à munition; cette galerie a été creusée par les allemands et est longue de 80 m; elle remonte en pente mais ne communique avec aucune autre galerie. Non loin, des éléments en ferraille, soit de l'ancienne passerelle provisoire, soit des tétraèdres allemands récupérés, ont été empilés dans les broussailles.

Au-dessus, on peut accèder dans des souterrains en briques et maçonnerie, qui tendent à descendre vers le bas de la falaise mais qui ne communiquent pas avec, et pour cause, c'était une galerie ménagée à l'intérieur de la pile de l'ancien pont pour accèder à l'extrémité des câbles porteurs du tablier du pont. D'autres souterrains de l'autre côté servaient au même usage. Nous avons reçu une carte qui en donne les entrées, de part et d'autre du pont :

 

la roche-bernard-souterrains-pt

Affaire à suivre, donc.

 

10 septembre 2011

Nz 304 - PC de la Ve MarineFlak Brigade - FL250

Situation : Saint-Marc, commune de SAINT-NAZAIRE, l-d les Gabourettes, à gauche de la D292, quasiment face à la rue Dumont D'Urville.

Positions proches : Nz2 (villa Georama), Nz 355 (camp de la Torpille)

Descriptif de la position : D'après http://www.festungstnazaire.be/ le PC lui même, une tour FL250 accollée d'une habitation de plan carré avec cour, un encuvement Fl 243 prévu pour un canon de 8.8 cm qui ne fut jamais installé, mais remplacé par un canon de Flak légère 2 cm pour la défense aérienne rapprochée, un R622 qui sert de fondation à une maison, un abri pour puits, 4 tobrouks Vf58c et 3 habitations en dur.

Visite possible du FL ? Oui, en demandant à l'occupant des lieux quand il est là. Se munir d'une torche.

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Voir les photos : http://bunkerleaks.canalblog.com/albums/fl250_st_marc_/index.html

D'autres villas du secteur étaient occupées. 1 officier, 24 sous-officiers et 86 soldats dépendaient de ce PC. Pour la défense des villas, il y avait deux tobrouks Vf58c, un à l'accès du chemin cotier (bouché), un autre saillant de dessous un mur + 2 créneaux dans le mur d'une villa (ci-desspus, l'un d'eux, visible).

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Ce genre de créneau est visible dans d'autres endroits sur la côte, notamment dans le secteur de la Turballe (Tu 17a Kerhué).

Du tobrouk, on ne devine que le rebord et le linteau. De l'autre côté du mur, un gros buisson cache tout vestige.

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C'est dans le jardin d'une des villas des alentours que se cache un vestige méconnu et sans doute le plus intéressant de toute la position, hors FL250.

En effet, plusieurs villas des alentours étaient occupées. Mais celles-ci n'avaient jamais été construites pour supporter un bombardement. Donc, il fallait un abri "de défense passive" rapidement accessible, relativement fiable et facile à construire. La solution simple mise en oeuvre fréquemment, notamment sur les fronts de la Poche de saint-Nazaire, était de creuser une tranchée et de la couvrir rapidement de planches, camouflées sous de la terre et des taillis. C'est le principe de l'abri visible ici :

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Cette entrée et une autre à forte pente menaient à un petit ensemble de galeries creusées dans le rocher qui affleure. Une troisième entrée à escalier est maçonnée. La hauteur est de plus de 2 m, la largeur d'un mètre 50 à deux mètres. Une partie des parois sont bétonnées, les autres, notamment celles des accès, ont été laissées dans leur état naturel. Il y a des niches latérales. Là où l'abri atteint la surface du sol, depuis laquelle il a été creusé, il y a des tôles métalliques surmontées de 20 à 30 cm de terre. Dans une des niches, il y a une inscription "Ruhe !" (silence!) en lettres gothiques, certainement contemporaine de la construction de l'abri.
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Celui-ci a été rebouché après-guerre, puis est resté ainsi jusqu'il y a quelques années, lorsqu'il a été redécouvert et débouché. Selon ceux qui ont brouetté les tonnes de terre qui étaient dedans, l'une des galeries de l'abri sortait sous le rebord de la falaise, du côté du chemin cotier, mais il y a peut-être confusion avec le troisième accès (escalier muré) qui effectivement sort du côté du chemin cotier, mais qui en est encore distant d'une quinzaine de m.

D'autres endroits de la Festung Saint-Nazaire ont été occuppés par les allemands sans construction de gros blockhaus ou avec une protection minime et discrète auprès de villas d'avant-guerre. Il est possible donc que d'autres abris de ce type, ou plus simples encore, subsistent sous terre et soient en partie accessibles.

Plan du souterrain (approx.) :

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3 septembre 2011

Les containers allemands (1944/45)

Dans les archives des FFI de Loire-Atlantique, on trouve une notice détaillée sur les containers que les allemands utilisaient à la fin de la guerre (fin 1944/1945) pour parachuter du personnel ou du matériel rapidement et discrètement.

Voici les schémas de ces containers, modèle en contreplaqué :

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Et les détails :

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Les caractéristiques techniques et l'historique de ces containers sont détaillés dans une note du SRPJ d'Angers. En voici le résumé rapide :

A BUCY-le-LONG près de Soissons fut découvert le 25/12/1944 un morceau d'ogive et dans la même région le 16/1/1945 un container à peu près complet, qui a malheureusement été détruit par les personnes qui en avaient la garde, mais des interrogatoires poussés ont permis d'en déterminer les caractéristiques. Dans la 1e quinzaine de févriers, d'autres containers parachutés furent signalés à BEUVRY (Nord) et en Belgique. Le 10/2/1945, un container intact à été trouvé à SENNEVIERES et photographié par la liaison U.S.

Caractéristiques : forme d'un gros obut à culot hémisphérique, camouflé ocre et vert foncé. L = 4 m 20, l = 1.10, poids 150 kgs (vide). Quatre parties principales : 1/ ogive de 1 m 20 de longueur, 2/ boîte à parachute, 3/ containeur de 2.5 m de longueur et 4/ calotte hémisphérique (r = 0.55 m).

OGIVE : Contreplaqué très mince, entoilé dehors, renforcé dedans par des bandes de feuillard et de bois dans le sens de la longueur. Reliée au corps par des goujons. Ogive tronquée finie par une plaque qui permet de la relier à l'équipage de l'avion par une corde et percée par un trou pour la corde qui commande l'ouverture des parachutes.

BOITE à Parachute : Cylindre de h = 0.20 m qui vient se loger dans l'ogive. 5 logements en toile, 1 pour le parachute central, 4 pour les latéraux.

CONTAINER : Parois double en contreplaqué, divisé intérieurement en deux parties par un plancher, 1 pour le personnel (h = 1.80 m) et 1 pour le matériel (h = 0.60 m). Le cylindre porte sur une génératrice et en son milieu le système d'accrochage du container à l'avion.

CALOTTE : Tôle d'acier de 1mm, rivée sur le container, syst. amortisseur composé d'un boudin en caoutchouc roulé sur lui-même et peut-être composé d'air.

 Emploi du container : Il est fixé comme une bombe sous l'avion et largué. L'ogive se détache, n'étant fixée que par des goujons lisses au container. En fin de course, la commande des parachutes agit et freine le container qui est descendu verticalement. Le choc au sol est absorbé par l'amortisseur après déformation de la tôle protectrice. Le container doit alors se coucher et le personnel (3 hommes) dégage le matériel après avoir retiré le plancher intérieur.
Le mode d'arrimage du personnel n'a pas été défini précisément à ce jour, aucune des hypothèses envisagées n'a donné pleine satisfaction.

Raisons qui ont poussé à ce système :

Les prisonniers interceptés ont tous révélé qu'ils effectuaient sur la France leur premier saut.

Or, il se trouve que l'ennemi n'a plus le temps ou les moyens d'entraîner ses recrues parachutistes, et notamment à vaincre l'appréhension au premier lâcher. Or cela entraîne une grande dispersion au sol : quelques secondes d'hésitation devant la trappe se transforment en centaines de mètres au sol. Lâcher des hommes par ce moyen permet de faire arriver au sol une équipe néophyte avec tout son matériel et au même point.

Inconvénients :
L'économie n'est pas recherchée (parachutes), le matériel est bon marché, mais l'appareil de construction délicate.

Ce parachutage laisse des traces : il est difficile de déplacer à trois cet appareil pour le "planquer" (sic), parfois sur de longues distances. Le système d'accrochage à l'avion s'oppose à son roulage. Il est plus difficile encore de le tirer sans laisser de traces. Il est difficile de le détruire par incendie sans attirer l'attention, et de toute façon les parties métalliques subsistent.

Doit-on envisager la réalisation par l'ennemi de ce mode de parachutage?

Il apparaît que chaque fois qu'il aura à parachuter une équipe dont chaque membre aura une mission précise au moins temporairement indépendante de celles de ses coéquipiers, il procèdera par méthode classique.

Il parachutera par container quand il s'agira d'une équipe à mission ou inapte physiquement au saut à l'air libre.

29 juin 2011

Gare de RENNES

La gare de RENNES est un noeud ferroviaire assez important, qui rassemble les lignes en direction de NANTES et de QUIMPER par REDON, de NANTES par CHATEAUBRIANT, de PARIS par LE MANS, de BREST par DOL ou SAINT-BRIEUC, de CAEN et GRANVILLE par DOL. Il y aussi un important triage, qui est donc plein d'ouvrages fortifiés et d'abris construits par les Allemands afin d'y abriter leurs cheminots de la Reichsbahn (chargés de surveiller les cheminots français, suspectés - souvent justement - d'être patriotes de sentiment et donc anti-allemands.

A ce titre il y a dans la gare de RENNES au moins 13 abris Reichsbahn : 6 à l'est des ateliers de maintenance, 5 autour de ceux-ci, et deux autres à raison d'un dans le fuseau central et un sous le pont de l'Alma.

Il y a aussi eu au moins 3 blockhaus (R 502), un LS (abri anti-bombardement) sur la place devant la gare, à droite du bâtiment, et un tobrouk (tourelle pour mittrailleuse) sur la petite remise (fuseau en impasse) à côté du pont St Hélier.

Tout cela (moins celui sous le pont de l'Alma) est visible sur les photos aériennes de 1961, sur le site de l'IGN et ici : http://atlantikwall.superforum.fr/t4955p15-gare-de-rennes 

Il reste actuellement, d'après les relevés aériens :

- 4 abris Reichsbahn (RB) pour 6 personnes autour des ateliers

- 2 autres abris RB + un R502 un peu au nord des ateliers, de l'autre côté des voies principales vers Paris

- 1 R502 à côté du pont Villebois-Mareuil

- 1 R502 (ou R501 à deux portes) sous le pont St Hélier

- 1 abri Reichsbahn pour 6 personnes sous le pont de l'Alma, côté Redon et Brest donc, transformé en remise SNCF.

Le LS sur la place de la gare a été pétardé récemment, comme celui du Mans. Il y en avait aussi en gare de Nantes, ainsi qu'à Vannes et à Auray, et ils ont aussi disparu. Il en reste un (modèle réduit) près de la gare de REDON et un autre à MONTOIR.

Nous rappellons qu'il est interdit d'entrer sur les emprises SNCF sans autorisation ni port d'EPI (équipement de protection individuel = gilet) sous peine de 6 mois d'emprisonnement et 37750 € d'amendes.

PHOTOS des ouvrages :

- R 501 à deux portes sous le pont St Hélier :

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13 juin 2011

Site de la Butte (du) Rouge (1)

Situation

Le site de la Butte Rouge, ou Butte Rouge, se trouve entre les communes de FEGREAC et de SAINT-NICOLAS de REDON, au nord de l'écluse des Bellions, entre Vilaine et canal de Nantes à Brest (petit Canal). Il est composé d'une mince langue de terre derrière l'écluse, qui donne sur une butte de schistes rouges ferrugineux, assez haute au-dessus du canal et qui offre un point de vue assez remarquable sur Saint-Nicolas de Redon et Saint-Jean de la Poterie, ainsi que sur la Vilaine. L'ancien cours de la Vilaine s'écarte de l'actuel au droit de la butte. De l'autre côté du Canal, à l'est du site, la voie ferrée Savenay - Redon longe la butte.

Histoire des lieux

Ce site n'a jamais été exploité comme carrière, sauf peut-être de façon temporaire pour le canal ou la voie ferrée toute proche. La série "Mines & Carrières" des Archives départementales de Loire-Atlantique (8S) n'indique que trois carrière à Fégréac, dont une au Tertre, de l'autre côté du canal, au nord-ouest du site, et une autre dite de la Garenne, aux Bellions. L'exploitation de cette dernière, assez importante, s'interrompt en 1938, reprend en 1940 pour s'achever l'année suivante. Le site, abandonné, reste dans son jus avant d'être réhabilité en partie, notamment pour des représentations de théâtre en plein air. Le registre des appareils à vapeur et à pression de gaz sur la période allant de 1913 à 1934 indique plusieurs déclarations de nouveaux appareils à vapeur pour la Carrière des Bellions, notamment une chaudière en 1914, un générateur de vapeur le 28/10/1918 et une chaudière pour alimenter la perforatrice le 6/6/1919. Il n'y a rien pour le site de la Butte Rouge, et pour cause ! (ADLA 1902 S 588)

La même série n'indique aucune carrière à Saint-Nicolas de Redon, ni aucune mine de fer à Fégréac ou à Saint-Nicolas.

Vers 1939, un certain M. D rachète la Butte Rouge et quelques terrains alentour. Il veut en faire un centre de redistribution de chaux de Saint-Cyr (en Val?) pour l'engrais des terres, de façon à court-circuiter Redon. Un quai haut empierré est aménagé côté canal afin de permettre l'accostage des bateaux et un vieux chaland est racheté et sommairement réparé afin de faire venir la chaux. La guerre et la qualité toute relative de la chaux font péricliter l'entreprise qui s'assoupit peu à peu.

En 1940, les allemands occupent Fégréac de façon intermittente. En 1944, la percée de Patton met à mal l'occupation allemande de l'ouest. Les troupes débandées se replient vers les localités le long du Canal, le chateau de la Touche Saint-Joseph est occupé en partie trois semaines durant par plusieurs dizaines d'allemands. Le 4 août 1944, ils quittent la commune de Fégréac et passent le canal après avoir fait sauté tous les ponts, y compris celui des Bellions; l'unité du génie n° 59.610 commandée par le Major SABOTA fait ce travail (ADLA 27 J 12). Les avant-gardes américaines les talonnent, mais un fort accrochage le même jour au Pont-Miny fait perdre deux auto-mitrailleuses et une jeep aux Américains, qui n'insistent pas et se content de faire occuper le secteur par les FFI du Morbihan, puis d'Ille-et-Vilaine.

carte-poche

Ceux-ci établissent une ligne avancée de gourbis en avant de la Touche Saint-Joseph, joignant le pont dit de la Cantine (pont du CD 35 passant au-dessus de la voie de chemin de fer). Derrière commençait le no man's land jusqu'aux positions allemandes à Théhillac et Sévérac. Les accrochages continuent dans le secteur, le village de Pont-Miny est incendié le 18 août suite à un fort accrochage entre Allemands et Américains.

Les Allemands, qui occupent l'autre rive du canal, viennent toutes les nuits et "plusieurs fois par jour" sur le territoire communal de Fégréac voler des bêtes et du ravitaillement dans les fermes. Le 18 août, le maire de Fégréac excédé écrit au sous-préfet de Chateaubriant (ADLA 43 W 140) pour lui signaler qu'il a fait préventivement évacuer tous les hameaux en bordure du canal qui sont aussi menacés par les tirs allemands les visant depuis l'autre côté du Canal. Plusieurs obus égarés touchent la Chapelle saint-Joseph et ses alentours. Les patrouilles US ne se sont depuis le 4 août faites qu'en véhicules blindés sans installation permanente sur le territoire communal de Fégréac. Elles se sont heurtées au canal, de l'autre côté duquel les allemands maintiennent leurs positions.

Fin septembre 1944, les américains et les FFI (cette fois de Vitré-Fougères) s'installent durablement à Fégréac. Le 26 septembre, l'on procède à l'évacuation de 43 lieux-dits dans la moitié sud de la commune de Fégréac, soit approximativement 1.000 habitants (d'après le maire, ADLA 43 W 140). Le 27, un arrêté municipal interdit toute circulation dans la zone évacuée, car elle va être intensément minée. Le no man's land s'installe, il va continuer à se développer le mois suivant dans les secteurs de BLAIN et de FAY. Sont évacués les lieux-dits suivants : TROUHEL, LA GRULAIS, LES MORTIERS, VILLEBERTE, LA VALLEE, BALLAC, LE BOIS DE BALLAC, L'ILETTE, PONT-MINY (L'Hôtel-Menant d'aujourd'hui en faisait partie), LA PROVOTAIS, TREGRAND, FONGUERAIS, LA COULEE, BARRISSET, LA MAISON NEUVE,LA VIEILLE CURE, LES ECOBUTS, LA CATEE, GALAIN, LA BROUSSE, LA CHESNAIS, NAPPES, LE NOYER, CALOBERT, LA TOUCHE SAINT-ARMEL, TREAN, LES CLOS, LA RIVIERE, GASSAN, MEXICO, LE BOURDINAIS, BEZY, LE GRAS, LE BROUSSAIS, LE BRANDY, LE THENOT, BEAULIEU, LA GRENOUILLERE, COISNAUTE, MARONCLE, LA HERGUENAIS, SAINT-COME, FARINET.

Il était temps ! le 27 septembre 1944 un engagement a lieu à Villeberthe (1.5 km au SO du bourg) entre FFI et allemands. Les FFI y laissent 3 morts, il y a 11 blessés et 15 prisonniers (ADLA 27 J 12).

On remarque sur la liste l'absence des Bellions et des villages plus au nord, qui n'ont jamais été évacués, puisque il a été estimé qu'ils étaient assez loin de la zone des combats. Quoi qu'il en soit, ceux-ci débordent souvent la Poche, puisque le 30 janvier 1945, un bataillon du 63e RI est attaqué au Tertre en Saint-Nicolas de Redon, à 2.5 km au nord des Bellions (id). Le 6 février, a lieu un autre engagement au village évacué du Trouhel (id.) et il y en aura d'autres encore avant la fin des combats, le 67e RI étant la dernière unité à stationner à Fégréac.

Entre temps, M. D. est fort opportunément devenu FFI. A la Reddition de la Poche le 11 mai 1945, il se met à installer un élevage de cochons sur le site de la Butte Rouge, et y fait travailler plusieurs prisonniers allemands, trois ou quatre selon les témoignages. De cet élevage nous sont parvenus les quelques cuves rondes en ciment armé et une évacuation sommaire vers le canal, démontée, composée de tronçons de buse carrée de 50 cm de largeur.

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En même temps, il commence à récupérer diverses épaves de guerre, et notamment une quinzaine d'embarcations légères allemandes, qui étaient "alignées comme à la parade" avant août 1944 sur un champ juste à côté du Pont de la Cantine, à droite en le passant. Les allemands ont fait sauter ces bateaux juste avant de se replier par-delà le Canal. Les vestiges de ces embarcations ont été alignés sur le site côté Canal, peu après la guerre. Pour certaines, cela fait tellement longtemps qu'elles sont là que les arbres ont poussé à travers ou ont commencé à englober leurs coques dans leur croissance ! D'autres vestiges sont récupérés, vieille bétonnière, moteurs de camions ou d'avions, affut de canon, chenillards, barils, bidons etc. ainsi que, pour la manutention sur le site, au moins deux coupons de voie étroite, pris dans les vestiges de la carrière de la Garenne avec wagonnets et portiques.

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L'aspect du site aujourd'hui

Le site est aujour'hui en friche depuis plusieurs dizaines d'années. La partie sud, côté Fégréac, appartient au Conseil Général sur 300 m après l'écluse des Bellions. A gauche en longeant le chemin, le long du petit Canal, on peut apercevoir une cabane en briques, un temps couverte de tôles, qui aurait été d'après la légende locale, un "poste de douaniers". Il est plus probable qu'elle ait été un corps de garde pendant la guerre ou la guérite d'entrée de l'exploitation de M. D, au temps où il vendait de la chaux de Saint-Cyr.

La partie nord de la parcelle, dépot de matériel et butte appartient au fils de M. D. L'inaccessibilité relative du site (un petit chemin bien en vue depuis l'écluse des Bellions ou un détour de 4.5 km par le nord, de l'autre côté de la Butte, aucun accès voiturable, chemins inondés/détrempés tout l'hiver) a préservé les vestiges existants. En revanche, ceux-ci sont noyés dans un roncier de densité variable.

carte

En arrivant sur le site, on trouve à droite les vestiges des embarcations légères allemandes, qui semblent avoir été quelque peu raccourcies, probablement en défaisant les rivets des parties endommagées par leur sabotage en août 1944. Dans le roncier, un abri couvert de toles ondulées s'appuie sur un seul pilier en ciment, et une solide armature faite de profilés fer en H larges de 14 cm. Ce baraquement fait dans les 5 m de long et 2 de large, le pilier en angle droit est haut de 1 m 80, ses deux faces font 1 m et 65 cm de largeur. Ce bâtiment est probablement un vestige de l'élevage de cochons, des cuves rondes (à lisier?) se trouvent non loin. Au pied de ces tristes vestiges l'on trouve divserses pièces détachées, probablement issues des embarcations qui rouillent du côté du canal.

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A suivre, on trouve un des coupons de voie étroite, long de 5 m, large de 49.5 cm entre les rails, qui est toujours en place auprès des vestiges de la bétonnière et de son moteur, éparpillés façon puzzle. De l'autre côté du chemin, l'on trouve un grappin qui, jadis suspendu à une grue, devait servir à décharger les sacs de chaux Saint-Cyr ou les fournitures de l'élevage, à moins qu'il n'ait lui aussi été récupéré à la carrière des Bellions. Dans les ronces, un vestige de moteur. A droite, le long du canal, 14 éléments d'embarcation légère allemande (Sturmboote) sont alignés sur la berge, complètement immobilisés par l'usure du temps et les arbres qui ont poussé à côté ou à travers. Le vieux chaland achève ce cimetière de bateaux; d'aucuns vous diront qu'il est échoué là "depuis un siècle". Que nenni !

En remontant vers le nord, à gauche, on peut voir des portiques légers et divers restes de moteurs, un ventilateur, diverses pièces détachées et un rail fiché dans un arbre, issu d'un autre coupon de voie quelque peu perturbé par la vigueur de la nature. De là, on peut voir la Butte, qui domine le site de plusieurs mètres. En y allant au travers des ronces, on voit encore un bidon de lait et l'ultime vestige d'un chenillard. Un trou d'homme, sorte de grotte dont on ne sait vraiment si elle est naturelle ou causée par l'Homme, s'ouvre à mi-hauteur sur la butte.

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Le chemin l'attaque côté Canal, en le suivant, on trouve encore quelques ferrailles, un ou deux vestiges de tranchées et un cratère de 105, preuve que le lieu a connu des combats aux alentours du 18 août 1944, lorsque la Butte était le point le plus au nord de la Poche (ADLA 27 J 76). En mai 1945, le front est stabilisé nettement au sud des Bellions. Pendant toute la durée de la Poche (août 1944 - 11/5/1945), le site de la Butte Rouge a connu des combats, certes sporadiques, mais rééllement existants et souvent violents, une guerre méconnue faite de coups de mains sur un front fantômatique, un combat désespéré sur le Front des Oubliés.

Remerciements aux voisins et anciens de Fégréac pour leurs témoignages.

11 juin 2011

Baraquements allemands pour chevaux - DERVAL

Le 25 août 1944, la sous-préfecture de Chateaubriant diffuse une circulaire demandant aux mairies libérées de faire l'inventaire des sépultures militaires (allemandes, US, FFI/FFL etc.) et des installatons fixes allemandes existant sur leurs communes.

Le 11 septembre 1944, le maire de DERVAL répond qu'il y a sur son territoire communal "3 baraquements servant au logement des chevaux situés à 100 m du bourg". Ces baraquements, couverts en tôle ondulée et fibro-ciment, ont tous 2 m 50 de hauteur, et font, pour l'un, 45 m de longueur par 6 m de largeur, pour un autre 30 m de longueur sur 5 m de largeur, et pour le dernier 25 m de longueur par 5 m de largeur.

Et aussi : http://www.chateaubriant.org/903-Derval-1939-1945 

Le 10 juillet 1940 les Allemands arrivent à Derval et occupent l’école St Joseph ainsi que deux châteaux (La Garlais et la Haye). Ces troupes restent jusqu'au 24 mars 1941, puis de nouvelles arrivent en novembre de la même année. L'école continu à fonctionner bien que en partie occupée; des tranchées y sont creusées par l'occupant et les soldas s'y entraînent. Le 13 mars 1943, de nouvelles troupes arrivent et exigent l'évacuation de toute l'école, qui se réinstalle dans des locaux de fortune. Une semaine plus tard, ces troupes partent pour le front russe et l'école se réinstalle dans ses murs.

 

"En 1941, l’armée d’occupation avait réalisé la construction de baraquements en bois, sur un terrain proche du bourg de Derval afin d’y recevoir 80 chevaux et 30 voitures hippomobiles (ils projetaient alors d’envahir l’Angleterre). Du fourrage, foin et paille, est réquisitionné dans les fermes de la région. Après être bottelé, il est entreposé là. Un soir de 1943, à la nuit tombante, un magnifique incendie illumine tout le bourg : impressionnant, tout brûle ! On n’a jamais su qui avait craqué l’allumette."

Il est fort probable que ces baraquements se soient situés non loin du château de la Haye, au sud-est du bourg.

Derval est libéré dans la nuit du 3 au 4 août 1944 par les Américains.

 

10 juin 2011

BunkerLeaks, pourquoi, comment?

Bonsoir à tous et bienvenue sur BunkerLeaks !

J'ai créé ce blog afin de concrétiser un projet auquel je pensais depuis longtemps.

Je souhaitais effectivement avoir un support internet indépendant d'AW afin de travailler plus en profondeur les points suivants :

- Inventaire des blockhaus par ville
- Inventaires des blockhaus le long des voies fluviales et de communication
- La Poche de St Nazaire
- Les camps allemands de l'intérieur des terres (Loire-Atlantique notamment, en et hors Festung)
- L'immédiat après-guerre (déminage, désobusage, Reconstruction)

Et, évidemment, publier les docs d'archives que je peux trouver et les comptes-rendus des recherches que je suis amené à faire sur ces sujets (témoignages et archives).

Il va aussi de soi que ce blog tentera, autant que possible, de reflèter mes conceptions sur la nécessité de partager les données disponibles, dans les limites, évidemment, du raisonnable et du champ légal. Je suis convaincu qu'un cerveau, c'est bien, mais que plusieurs c'est mieux. Que le temps de la rétention d'archives est bel est bien terminé, les cadenas ont été ferraillés en même temps que le Rideau de Fer.
A l'heure de l'Inventaire Régional des Monuments Historiques, de Google Earth et de cadastre.gouv, le "secret" devient impossible. Et dans l'intérêt même des blockhaus et de la bunkerarchéologie, il ne doit pas être maintenu au forceps.

Toujours à propos de champ légal, il est évident que les infos contenues sur ce blog et les photos sont soumises au Copyright et sont les oeuvres de ceux qui les ont apportés au blog. Pour toute réutilisation, il sera demandé de passer par l'Admin et,si accord, mentionner la paternité de l'oeuvre et la source.

Nous voilà 66 ans après la fin de la guerre en Europe, le 11 mai 1945 dans un champ près de BOUVRON, en Loire-Atlantique (Bretagne). Les témoignages eux aussi commencent à se perdre. Les blockhaus sortent lentement de l'état de vestiges laissés par des envahisseurs plus ou moins pardonnés et toujours honnis à la qualité plus enviable de patrimoine historique, reflet d'une période troublante de notre histoire, à la fois plus sombres heures et moments rares de dévouement humain, d'héroïsme, de gloire, de courage au combat. Libération et invasion, résistance et collaboration, engagement et attentisme s'entremêlent et divisent. Ou questionnent, ce que je m'efforcerai de faire le plus possible, c'est le travail de l'historien.

Le nom que j'ai choisi est évidemment provocateur. Il affirme résolument que je serai amené à divulguer des informations que certains ont toujours gardé sous le coude, sans vouloir partager, pour des raisons souvent légitimes, parfois moins. Pour information, je ne m'occupe pas des "reliques" et objets militaria, messieurs les pilleurs, demi-tour ! Les générations de l'immédiat après-guerre, traumatisées par la guerre et l'occupation prolongées (surtout dans les Poches) ont voulu tourner la page et ne pas s'apesantir sur le passé. Seulement, nous sommes en 2011 et les témoins commencent à disparaître. La mémoire humaine, la mémoire des lieux se perd. Mais il n'est jamais tard de prendre les devants. La bunkerarchéologie appartient à tout le monde. C'est une nécessité de faire sortir la mémoire au grand jour.

Enfant, je fréquentais la plage de la Turballe. Il y avait des tobrouks plantés sur la dune, que le vent et les tempêtes avaient finis par faire glisser en bas, auprès de la plage. Nous y jouions de temps à autre, et ces tobrouks s'assimilaient pour nous à l'été et au grand bleu du ciel serein.
Je retournai récemment du côté de Pen Bron. Des enfants, peut-être de l'autre bout de la France, jouaient à chat perché au milieu de ces blocks là. Voilà des bouilles ravies, qui, plus tard, ne commanderaient pas de détruire un encombrant bunker à coups d'explosifs ou de pelleteuses, pensais-je. L'important est de transmettre, avant tout. C'est beau de se targuer de connaître tous les blocks d'un lieu. Mais si c'est pour oublier les jeunes motivés, les jeunes passionnés, ce n'est absolument pas la peine. Transmettre et partager sont les deux mamelles de toute passion,de tout savoir.

Bunkerleaks est à vous, pour vous, pour l'avenir.

Cordialement
Torch44, administrateur et créateur de BunkerLeaks (BL).

 

10 juin 2011

Mix Brest

Mix de blockhaus à Brest

Divers blockhaus de Brest et proches alentours réunis dans une galerie; photos de Pirk, membre de http://atlantikwall.superforum.fr

Photos 1 - 4 : blockhaus quartier Saint-Martin de Brest

Photos 5 - 18 : blockhaus sur la côte au Portzic, sous l'Hôtel Le Belvédère

Photos 19 - 40 : Aménagements militaires côtiers au Portzic, vues de la voie Decauville (écartement 60 cm) sur le sentier des douaniers et de l'abri-remise du wagonnet qui y circulait (post-WW2). Prise d'air de la centrale éléctrique souterraine du fort du Portzic (28).

Photos 41 - 47 : autre blockhaus (R 505) le long du chemin côtier à l'ouest du fort du Portzic

Lien Web avec plans et photos du Portzic durant l'Histoire (XVIIIe - post-WW2) : http://patrimoine.region-bretagne.fr/sdx/sribzh/main.xsp?execute=show_document&id=MERIMEEIA29001300

Photos 48 - 61 : R622 sous un immeuble du quartier Saint-Michel ; Brest

Voir la galerie ==> http://bunkerleaks.canalblog.com/albums/mix_brest/index.html

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